Skip to main content

Un partenariat contre le cancer du col de l’utérus au Sénégal

Jusque dans les années 1950, le cancer du col de l’utérus est le cancer qui a tué le plus de femmes américaines. Des campagnes de dépistage ont considérablement réduit le nombre de décès dû à ce type de cancer aux États-Unis, alors qu’au Sénégal cette maladie est monnaie courante. Chaque année, plus de 1 400 Sénégalaises sont diagnostiquées d’un cancer de l’utérus et des centaines n’en réchappent pas. 

Pour Andrew Dykens, professeur à l’université de l’Illinois à Chicago (UIC), la situation est particulièrement urgente étant donné la facilité avec laquelle ce type de cancer peut être détecté. 

« Le cancer du col de l’utérus se développe très lentement, entre cinq et quinze ans, ce qui laisse du temps pour agir », explique-t-il.

 

  1. Formation des agents de santé à Kedougou. 

    Avec l’aimable autorisation de Andrew Dykens

  2. Formation des agents de santé à Kedougou.  

    Avec l’aimable autorisation de Andrew Dykens

  3. Formation des agents de santé à Kedougou.

    Avec l’aimable autorisation de Andrew Dykens

  4. Andrew Dykens, en bas à gauche, a travaillé avec les agents de santé locaux et des membres de Peace Care pour apporter une méthode de dépistage et un protocole de traitement du cancer du col de l‘utérus au Sénégal.

    Avec l’aimable autorisation de Andrew Dykens

Agir, c’est exactement ce que font Andrew Dykens, l’organisation Peace Corps, des Rotariens et l’UIC, en collaboration avec le ministère de la Santé et de l’Action sociale au Sénégal.

Andrew Dykens (membre du Rotary club de Chicago, directeur de Suivi de santé publique au centre de l’UIC pour la santé publique et ancien bénévole dans les Peace Corps) a décidé de rallier ces organisations pour réduire le taux de mortalité des femmes dû au cancer du col de l’utérus, maladie facilement curable. 

En 2010, M. Dykens a créé Peace Care, une organisation à but non lucratif qui aide les communautés et les organisations à travailler ensemble afin d’apporter les solutions nécessaires. « Ce qui m’a paru évident, c’est que les Peace Corps, ayant une expertise de terrain, devraient collaborer, par exemple, avec des centres universitaires qui ont une expertise technique et qui ne sont pas forcément ancrés localement. »

Et le Rotary ? « Le Rotary renforce les capacités. Si nous pouvons consolider la mise en œuvre de solutions déjà implantées et basées sur des faits, nous n’avons pas besoin d’outils coûteux comme l’IRM et la chirurgie robotisée. Ces outils sont efficaces, mais il y a un niveau de base pour accéder aux premiers soins qui n’existe pas. »

Après que les Peace Corps ait alerté Andrew Dykens des carences de dépistage du cancer du col de l’utérus au Sénégal, lui et Peace Care ont lancé une formation des agents de santé dans la région de Kedougou sur la détection des cellules cancéreuses via une méthode simple et efficace : La solution de vinaigre. Elle s’applique au niveau du col de l’utérus pour révéler les cellules atteintes et qui peuvent être alors immédiatement éliminées par cryothérapie– cette méthode ne requiert pas d’électricité, et elle est accessible et moins coûteuse que le test Pap standard, ce dernier requérant d’examiner les échantillons de cellules au microscope en vue d’identifier les anomalies. 

« C’est une bonne nouvelle n’est-ce pas ? Cette technique existe depuis des décennies, elle ne coûte pas cher et surtout elle permet de sauver des vies. Donc, comment se fait-il qu’au Sénégal, de nos jours, il y ait 10 régions isolées qui n’ont pas accès au dépistage du cancer du col de l’utérus ? », questionne Andrew.

Une partie de la réponse réside dans la pression sociale. « Dans certains cas, les leaders d’opinion locaux, qui sont très conservateurs sur les questions de condition féminine, se montrent réticents à ce que les femmes soient auscultées », explique Manuel Pina, obstétricien/gynécologue et membre du Rotary club de Dakar-Soleil qui travaille avec Peace Care. 

« Mais les Rotariens sont aussi des leaders d’opinion. Nous avons déjà instauré un dialogue local pour sensibiliser à l’importance de cette action et pour aider à mettre fin aux rumeurs et à la désinformation sur le cancer du col de l’utérus ».

M. Pina a noté que cela encourage aussi les familles à faire vacciner leurs filles contre le papillomavirus humain qui est à l’origine du cancer du col de l’utérus.

Les Rotariens et les membres de Peace corps sont partenaires depuis plusieurs années et, en 2014, les deux organisations ont lancé un partenariat plus formel. Leur action a montré combien leur collaboration a été bénéfique sur l’engagement local.

Les Rotary clubs prévoient de faire une demande de subvention mondiale à la Fondation Rotary pour aider à étendre l’accès aux services de dépistage du cancer du col de l’utérus dans la région de Tambacounda. « Il ne s’agit pas seulement de renforcer les capacités mais aussi de former les agents de santé au dépistage de ce type de cancer. Éventuellement, ce centre pourrait aussi les former au dépistage d’autres maladies, comme le diabète, l’hypertension et d’autres types de cancers », ajoute M. Dykens.

Andrew Dykens affirme que le soutien des Rotariens américains et sénégalais demeure la clé du succès.

« Les Rotariens font les choses bien. Ils travaillent beaucoup, ils impliquent les leaders locaux et prennent en compte leurs idées C’est ce qui a permis la réussite de l’action. Le Rotary travaille depuis longtemps sur la polio et a fait un travail remarquable. Et dans mon esprit, l’accès aux premiers soins et la prochaine mission. »

–Anne Ford

 

• Lire d’autres articles de The Rotarian