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Des membres du Rotary luttent contre le trafic d'êtres humains

La lutte contre le trafic d'êtres humains, un fléau qui touche environ 40 millions de personnes dans le monde, est l'objectif de l'Amicale d'action du Rotary Prévention de l'esclavage et de plusieurs Rotary clubs.

Texte :  

Lorsque Dave McCleary a entendu parler pour la première fois du trafic d'êtres humains, cela lui semblait un phénomène lointain, qui se passait à l'étranger – pas aux États-Unis. Et certainement pas dans sa ville natale.

Puis un jour, il a invité une conférencière à présenter ce sujet à son Rotary club de Roswell. Melissa était originaire de Roswell et avait fréquenté le même lycée que les filles de Dave. Elle a abandonné ses études à 16 ans et s'est vu offrir un emploi de mannequin par un homme qui s'est avéré être un trafiquant sexuel. Pendant deux ans, elle était piégée et victime de ce trafic dans le centre-ville d'Atlanta avant que la police et une association locale ne l'aident à s'échapper.

Des élèves se rendent à leur cours à Pace Universal, une école pour filles à Piyali Junction, près de Kolkata (Inde), financée en partie par des Rotary clubs et la Fondation Rotary. Elle a été fondée par la Rotarienne Deepa Biswas Willingham pour assurer l'éducation des filles et les protéger de l'esclavage, de la traite et du mariage forcé dans une communauté où ces dangers sont monnaie courante.

Photo : Anindito Mukherjee / Rotary International

Après la réunion, une Rotarienne s'est approchée de Melissa et l'a serrée dans ses bras. Dave lui a demandé comment elle connaissait la jeune femme. Elle lui a répondu qu'elle gardait ses enfants à l'âge de 12 ans et qu'elle s'était demandé ce qui lui était arrivé.

« Pour moi, c'est à ce moment-là que j'ai pris réellement conscience de la situation », explique Dave, qui est aujourd'hui président de l'Amicale d'action du Rotary Prévention de l'esclavage. « Maintenant, c'est le problème de tout le monde. Et je me souviens avoir pensé à l'époque : au Rotary, nous sommes présents dans 200 pays, avec 34 000 clubs et 1,2 million de Rotariens, et nous nous attaquons aux problèmes difficiles. Pourquoi pas l'esclavage moderne ? »

Parmi les nombreux problèmes mondiaux, le trafic d'êtres humains est l'un des plus difficiles à combattre. On estime que plus de 40 millions de personnes en sont victimes dans le monde. « C'est probablement la plus grave violation des droits humains qui existe aujourd'hui », affirme Karen Walkowski, fondatrice du Rotary club de district 5950 Ending Human Trafficking. « Plus grave que la question des réfugiés ou des personnes déplacées. C'est l'une des trois plus grandes industries illégales, rapportant environ 150 milliards de dollars de revenus chaque année. »

« Je dis souvent de penser à New York, à Londres ou à n'importe quelle grande ville du monde », explique Sujo John, fondateur de l'association YouCanFreeUs, qui s'est associée aux Rotary clubs. « Pensez maintenant à six ou sept fois la population de ces villes qui sont aujourd'hui victimes d'esclavage. Ce sont des personnes qui ont été kidnappées ou piégées ou à qui on a fait croire à une vie meilleure dans un autre pays ou dans une autre ville. »

Parmi les nombreux problèmes mondiaux, le trafic d'êtres humains est l'un des plus difficiles à combattre. On estime que plus de 40 millions de personnes en sont victimes dans le monde.

Un élève de Pace se prépare à célébrer le festival hindou de Holi.

Photo : Anindito Mukherjee / Rotary International

Le trafic sexuel est une forme d'esclavage moderne, mais il en existe d'autres qui relèvent du « trafic de main-d'œuvre » où des personnes se retrouvent piégées dans des emplois dans la sylviculture, l'agriculture, la restauration, les carnavals et les groupes qui vendent des abonnements à des magazines, et qui sont empêchées de partir.

« On me demande où sévit l'esclavage moderne en Amérique. Je réponds : traversez n'importe quelle ville d'Amérique tard dans la nuit. Si vous voyez une enseigne au néon affichant 'Massage’' il y a de fortes chances que ce soit un lieu de trafic d'êtres humains. Il est possible que des femmes étrangères y soient détenues et forcées de se livrer à des actes sexuels. »

Mark Little, membre du Rotary club de Norwich St. Edmund (Angleterre), ignorait tout cela jusqu'à ce que son épouse le persuade de regarder un documentaire de la BBC sur le sujet. « Je me suis dit : de l'esclavage aux États-Unis, au Royaume-Uni ? Sûrement pas. Des millions d'esclaves en Inde ? Jamais. »

Mais bien sûr, cela est bel et bien la vérité. 

En quelques chiffres  

  1. 40,3 millions

    de personnes sont soumises au travail forcé, à l'exploitation sexuelle, à la servitude domestique et aux mariages forcés dans le monde entier

  2. 4 750

    Revenus (en dollars) par seconde générés par le travail forcé

  3. 71

    proportion de femmes ou de filles sont soumises au travail forcé

    Source : Organisation internationale du travail

« Cela m'a profondément bouleversé. Quatre mois plus tard, je me suis rendu en Inde pour visiter deux des centres de réhabilitation d'enfants victimes d'esclavage présentés dans ce documentaire. J'ai écouté les témoignages de certains d'entre eux que j'ai rencontrés lors de cette première visite, en pleine reconstruction. Je me suis dit : « Mon dieu, qu'est-ce qui se passe dans le monde ? Nous devons faire quelque chose », affirme Mark.

Mark a fondé l'Amicale d'action du Rotary Prévention de l'esclavage, dont le bulletin d'information atteint quelque 3 800 personnes et qui compte environ 675 membres dans 49 pays.

Dans le même temps, aux États-Unis, au moins trois nouveaux clubs axés sur une cause ont été créés pour lutter contre ce fléau.

Virginia McKenzie a fondé son club suite à une conférence donnée par une association de lutte contre le trafic d'êtres humains dans son ancien club, le Rotary club de Seattle, qui a présenté une initiative consistant à publier une fausse annonce indiquant la vente d'un jeune de 15 ans à des fins sexuelles. En deux heures, elle a reçu 250 appels, provenant pour la plupart de commerces du centre-ville de Seattle.

« Cela nous a glacé le sang. Pour ma part, c'était comme si j'étais frappé par la foudre. Instantanément, j'ai ressenti une colère froide, une peur incommensurable et une profonde tristesse, tout cela à la fois », déclare-t-elle.

Pendant plusieurs années, Virginia a travaillé au sein de la commission Construction de la paix de son club sur des actions contre le trafic d'êtres humains. Elle a notamment formé un millier de professionnels de la santé à reconnaître les signes indiquant qu'une personne est victime (tatouages, escortes suspectes, incapacité à savoir dans quelle ville elle se trouve ou quel jour on est) et à réagir en tenant compte des traumatismes et en respectant la législation. Mais elle voulait aller plus loin et a donc créé ce nouveau club, qui a reçu sa charte l'année dernière et compte 25 membres, pour la plupart de nouveaux Rotariens, ainsi que plusieurs personnes qui avaient quitté le Rotary.

« C'est un sujet très actuel. C'est comme si le monde entier se réveillait. Je suis très fière du Rotary qui s'est engagé dans cette voie et je suis très optimiste quant au rôle que les Rotariens peuvent jouer pour avoir un impact », ajoute-t-elle.

Dave McCleary, président du RAGAS, Shekhar Mehta, président 2021/2022 du Rotary International et Virginia McKenzie, fondatrice du Rotary club de Pacific Northwest Ending Sex Trafficking, lors d'un Institute du Rotary à Tucson en novembre 2021.

Photo : avec l'aimable autorisation de Virginia McKenzie

D'autres clubs ont également pris des mesures. Le club de Dave a organisé une formation pour aider les chauffeurs de bus scolaires à reconnaître les signaux indiquant la présence d'un trafic et à savoir comment y répondre. Un autre membre du club, propriétaire d'un restaurant McDonald's, a fait imprimer le numéro de la ligne d'assistance nationale contre le trafic d'êtres humains sur les plateaux de repas, ce qui a permis d'aider cinq jeunes filles en un mois.

À Sacramento, en Californie, un important programme éducatif a été organisé par le Rotary et, dans le sud de la Californie, plus de deux douzaines de clubs ont rejoint l'initiative Fighting Human Trafficking des Rotary clubs. Pendant ce temps, le Rotary club Community Action Against Human Trafficking a reçu plusieurs subventions mondiales pour créer un centre d'accueil pour les victimes à Topeka, ainsi qu'un plan pour enseigner à repérer les victimes. En février, le conseil d'administration du Rotary International a approuvé une résolution qui encourage les Rotariens à se familiariser avec le problème croissant de l'esclavage moderne et à travailler à des solutions.

Certains succès ne relèvent pas toujours d'une action : un Rotarien en Argentine a reçu un message d'une femme au Mexique qu'elle connaissait grâce à son réseau d'activistes. Cette femme avait entendu parler d'une jeune fille victime de trafic dans l'État du Michoacán, où elle était enchaînée à un lit et torturée. La Rotarienne argentine a pris contact avec l'Amicale d'action du Rotary Prévention de l'esclavage. Ses membres ont fait appel à leurs contacts à Mexico et la jeune fille a été libérée dans les 24 heures.

« C'est le genre de résultat que le Rotary peut avoir », déclare Dave, ajoutant qu'il souhaite que le Rotary agisse davantage. « Nous croyons que la solution est un mouvement, pas seulement une série d'actions. »

Cet article a été initialement publié dans le numéro de juillet 2022 du magazine Rotary.

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