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Des penseurs

Rotary Paris Académies

C’est l’heure du déjeuner, ce lundi, au Procope, le plus ancien café de Paris. Un serveur impeccablement vêtu offre un cocktail au champagne aux Rotariens qui se sont réunis ici, avant de leur présenter le menu proposant un choix de trois entrées, trois plats de résistance copieux et deux plantureux desserts. 

Des membres de Paris Académies (de gauche à droite) : Alain Rozié, président du club et ancien gouverneur du district 1670, Jacques Papritz, Catherine Winia van Opdorp et André Goezu.

Photo par Antoine Doyen

Un Rotarien de Californie en visite demande si le déjeuner sera suivi d'une sieste. 

« On mange bien à Paris » (“We eat well in Paris”), déclare Jocelyne Greco du Rotary Paris Académies avec un sourire chaleureux. 

Ceci s’applique tout particulièrement aux membres de ce club, qui font un bon repas chaque semaine dans l’un des établissements les plus réputés de la ville. 

Le Procope est un lieu de rencontre d’intellectuels parisiens depuis 1686. Voltaire venait y prendre le café (40 tasses par jour, dit-on), tout en discutant de littérature et de politique avec ses amis. Son bureau surmonté d’un plateau en marbre occupe une place d’honneur dans l’entrée du restaurant. George Sand, Victor Hugo et Oscar Wilde comptent parmi les nombreuses célébrités littéraires ayant fréquenté ce café. Thomas Jefferson et Benjamin Franklin se restaurèrent souvent ici lorsqu’ils étaient ambassadeurs des États-Unis en France. Le Procope fut également l’un des lieux de rencontre favoris des révolutionnaires français Maximilien Robespierre et Georges Danton. 

Les portraits encadrés et les lustres en cristal du café lui donnent l’allure d’un élégant intérieur privé. De vieux livres s’alignent sur des rayonnages, le long des murs de l’une des salles-à-manger. Un papier peint imprimé à la main, datant de 1830, habille les murs de l’autre. Le restaurant est également un musée: l’on peut voir le célèbre chapeau de Napoléon dans l’une des vitrines, ainsi que la dernière lettre de Marie Antoinette, avant son exécution.

Ce lieu vénérable est bien approprié aux réunions de l’un de nos clubs, dont les 38 membres comprennent des artistes, des architectes, des médecins, des professeurs, le président de la Sorbonne, ainsi qu’un ancien inspecteur général des bibliothèques de France. 

« Il s’agit d’un club où la culture passe avant les affaires, déclare André Goezu, graveur de renom qui en est membre. Nous sommes des intellectuels. »

Les réunions du club commencent souvent par un jeu consistant à trouver l’auteur d'une citation célèbre. À l’ordre du jour ont récemment figuré des discussions à propos du Brexit et de l'économie française, et des conférenciers sont intervenus sur des sujets tels que la diplomatie, la chimie et l'art.

Le club collecte ses fonds annuels grâce à un concert de musique classique à la bibliothèque polonaise de Paris, qui rassemble les œuvres complètes de trois artistes polonais ayant élu domicile dans la ville : le poète Adam Mickiewicz, le compositeur Frédéric Chopin et le peintre et sculpteur Boleslaw Biegas.

L’événement de l’année dernière, où se produisirent des musiciens d’un célèbre conservatoire de Paris, a eu lieu à guichet fermé et a permis de collecter 3 000 euros. Plusieurs membres participent à un « club de lecture » où ils échangent des discussions à propos d’ouvrages à caractère philanthropique et rédigent des comptes-rendus à l’intention des autres Rotariens. Chaque printemps, ils décident par un vote du meilleur livre de l'année rotarienne.

La plus récente action du club de Paris Académies a consisté à collaborer à la restauration de peintures et dessins présentés au musée Jean Moulin, consacré à l'artiste qui fut l'un des chefs de la résistance française durant la seconde guerre mondiale.

Il s’agit d’un club où la culture passe avant les affaires. Nous sommes des intellectuels.


Membre du club et artiste

Mais nulle raison d’être intimidé. L’intellectualisme que revendique le club Paris Académies est d’un type ouvert : les membres du club font bon accueil aux invités et leurs talents permettent que se développe la bonne volonté. 

De nombreux Rotariens pratiquent quelques unes des activités de ce club: donner à la Fondation, organiser chaque année une collecte de fonds pour une banque alimentaire locale, accueillir des étudiants internationaux (provenant, depuis peu, du Japon et du Canada), et former des partenariats avec des clubs en Belgique, en Allemagne et aux États-Unis. Lors de leurs réunions, les Rotariens en visite pourront également apprécier le sens de la camaraderie. 

« Ce cercle où nous nous réunissons compte beaucoup pour moi », confie André, dont les compétences linguistiques aident les visiteurs à se sentir chez eux. Originaire de Belgique, il parle anglais, flamand, français, allemand et latin. « En Belgique, chaque étudiant apprend quatre langues », note-t-il modestement.

Souvent, deux ou trois Rotariens provenant d’autres pays assistent aux réunions du club, dit André. L’emplacement participe sans doute à l’attrait du club : Le Procope est situé dans le quartier historique de Saint-Germain-des-Prés, dans le 6ème arrondissement de la ville. C'est le Paris qui est inscrit dans notre imaginaire collectif : cafés en terrasse, boulangeries, boutiques de luxe, galeries et boulevards arborés. Il s’agit du premier café culturel, berceau de l’intellectualisme bohème et c’est un lieu valant le détour pour ceux qui désirent connaître autre chose de Paris que ses monuments les plus célèbres.

Après un déjeuner à plusieurs services, l’idée d’une promenade dans le quartier est la bienvenue. Quelques pas au nord vous conduisent à la Seine et à la cathédrale Notre-Dame. Si vous vous dirigez vers le sud, vous pouvez faire de beaux achats dans les magasins du boulevard Saint-Germain, ou bien flâner parmi les fleurs, les arbres et les statues du jardin du Luxembourg. Ensuite, vous retournerez peut-être au Procope pour prendre un café et admirer les lieux. Comme Voltaire l’a écrit (dans ce café, qui sait) : « Dieu nous a fait don de la vie ; c'est à nous de nous accorder le don de bien vivre. »

— Kim Lisagor

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